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Dans les casseroles
Dans les casseroles
  • 23 ans, diplômée d'une grande école, en reconversion dans la pâtisserie. Aime la cuisine, la culture, faire chauffer ses casseroles et écrire sur celles qu'on traîne avec nous. Tatouée / gourmande / curieuse de tout /
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25 août 2012

Zone péri-urbaine

En banlieue, les bus transdépartementaux ingurgitent les trottoirs dépotoirs, les bornes de béton et les lignes jaune fluo grignottées par la pluie. On se laisse envahir par le tournis des grands magasins de meubles en kit, les diners clignotant des zones industrielles, les lignes de train désertées. Tous ces grands espaces semble vivre de façon autonome, monstres gigantesques de cloisons en tôle et de néons blafards, ronronnant et roulant sur eux-mêmes. Ils avalent leurs employés, qu'on ne voit ni entrer, ni sortir. On n'aperçoit figure humaine que pendant une fraction de seconde, entre la place de parking et l'antre du supermarché de papier peint, de tabourets à monter soi-même ou de chaussures en plastique fabriquées à des kilomètres d'ici.

On tente d'oublier le mal de coeur, on est recraché par l'autocar, propulsé dans le RER qui referme ses portes et entame sa longue digestion. Nous avons été mâchés, machine-déglingués, pressés et compressés. Hagards, on s'affale sur une place taguée et décloûtée. On retraverse la zone péri-urbaine en sens inverse. L'homme au baladeur somnole, sac à dos contre le ventre. Une jeune femme en jupe se précipite hors du train, un employé de banque s'y engouffre in extremis. Les kilomètres défilent, les noms de station sont bien plus beaux que les quais fantômatiques où nous poursuivons notre course.


Avec trois heures de transport parisien et péri-parisien par jour, le vendredi, je m'effondre comme une masse, les trois-quart de mes neurones ont disparu, et je ne parle même pas de l'Esprit.


Autant qu'il m'est possible de le faire, je draine le lundi-vendredi hors de ma caboche. Souvent, j'échoue lamentablement et c'est comme travailler deux semaines sans week-end. Parfois, je parviens à me débarasser temporairement de cette sensation terrifiante d'auto-anéantissement, de disparition de foi, de repli sur moi-même. Je vomis au pas de la porte les sols crasseux, la nausée qui me prend quand je lis trop longtemps dans le wagon qui valdingue dans tous les sens, cet abrutissement qui prend d'assaut tous les passagers réguliers et nous rend bovins, égoïstes, aveugles et sourds. Les monstrueux démons de la routine sont foutus à la porte que je claque très fort.

Gargarisée de ma victoire, je regarde le ciel à travers le velux comme une tâche de peinture brute et limpide, je parviens enfin à me plonger dans une histoire qui m'emmène, je m'offre nue à mon amoureux, je dessine des châteaux en espagne... La vie reprend ses droits un temps.

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