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Dans les casseroles

Dans les casseroles
  • 23 ans, diplômée d'une grande école, en reconversion dans la pâtisserie. Aime la cuisine, la culture, faire chauffer ses casseroles et écrire sur celles qu'on traîne avec nous. Tatouée / gourmande / curieuse de tout /
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6 octobre 2014

Automne

 

Mois de septembre :

- Déménagement interminable, fastidieux, traînant en longueur
- Splendeur et déchéance du nouveau travail
- Les larmes, les disputes, les frustrations et les rendez-vous manqués
- La voiture louée emboutie en pleine nuit par un enfoiré-lâche, et les procédures judiciaires en découlant
- Les trois dimanches travaillés et les nuits sur le futon posé sur le tapis
- Javel renversée par terre et quasi-démission
- Verres et bières dans mon nouveau joli quartier des Batignolles
- Derniers jours de septembre : rencontre avec les bébés qui roupillent en corolle, joues roses et petites mains agitées

Début octobre :

- La paie misérable : l'amertume dans la gorge- Première saison de You're the worst : l'amour, l'amour, l'amour
- Voix qui montent et corps qui s'entrechoquent pour se retrouver : l'amour, l'amour, l'amour
- Les tableaux sont de nouveau (presque) tous accrochés au mur
- Cigarette mentholée à la fenêtre mensardée : la tour Eiffel à gauche, les flots de gamins à droite
- Retrouvailles dans ma cuisine : tarte fraise/vanille/rhum et purée de patates douces
- Inscription au club de sport
- Le froid revient
- Béguin, Soleil, Bouche-à-bouche sirotés et renversés avec un ami peut-être-bientôt-menuisier
- On allume les bougies

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1 septembre 2014

Rentrée gourmande. OU PAS.

Ca aura été difficile d'y échapper en ce lundi 1er septembre : mais c'est la rentrée, et surtout, demain, c'est MA rentrée (observez ce magnifique égocentrisme, mais c'est mon blog donc hein qu'est-ce que tu vas faire). Première rentrée en tant que pâtissière diplômée, et ouais, et ouais.

Je crève de trouille.

Mais c'est accessoire, car devrait y avoir moyen de se marrer dans ce nouveau job. En tant qu'amoureuse des listes (parce que ça structure et ça rassure un tout petit peu), j'ai donc rédigé ma liste de rentrée pour demain matin (maniaquerie j'écris ton nom) :

- Veste repassée (ça c'est pour la première semaine, parce qu'après très clairement on s'en tamponnera sévère : les plis ce n'est pas non-hygiénique que je sache), pantalon (non repassé, les plis sur un tissu pied-de-poule ça se voit pas alors pourquoi diable faire du zèle) et chaussures de sécurité

- Le stylo qui fuit pas, le feutre pas encore sec et un nouveau carnet pour noter toutes ces nouvelles recettes que je vais apprendre cette année (youpi youpi)

- Patchs pour le dos pour les courbatures des deux premières semaines (JE NE ME FERAI PLUS AVOIR. NEVER AGAIN.)

- Tisanes "nuit paisible" pour favoriser la somnolene à 21h tapantes et ainsi espérer dormir 7heures par nuit

- Se couper les ongles tout court et ranger les jolis vernis jusqu'aux prochaines vacances (ô monde cruel)

- Racheter un tube de biafine neuf pour les brûlures / les allergies au savon anti-microbien professionnel qui ronge les mains (du coup, y'a plus de microbes sur ta peau puisque tu n'as plus de peau, c'est pratique)

- Préparer les élastiques à cheveux (il va y avoir une autre fille à mon boulot et elle a des cheveux longs : double ration d'élastiques.)

Je crois qu'on est bon.Maintenant, reste plus qu'à arriver à l'heure au boulot : pas du tout gagné vu les non-horaires du métro parisien et du noctilien (give me a gun).

Bonne rentrée à tous.

19 août 2014

Celle qui était en vacances

"Alors voilà", comme dirait un blogueur vachement connu, ça fait des années mois que ce blog est en friche. Deux coupables : mon angoisse de la page blanche d'une part, mon emploi du temps de fifou d'autre part. Je profite donc de ces quatre semaines de vacances inespérées pour ranger les placards de ma cuisine, m'écouter toutes les chroniques de Nora Hamzawi et réfléchir à une manière de provoquer l'écriture plus régulièrement.

Spéciale dédicace à ma Maman qui, dans son indéniable coolitude, a décidé d'ouvrir un blog, me rappelant que le besoin de tâcher les feuilles et l'internet de mots était génétiquement transmis dans la famille (des deux côtés, en plus.) et que l'écriture se passait aisément d'arrogance ! comme dans la vraie vie, tu peux être un vrai abruti sur pattes, tu as quand même le droit de respirer : tu peux écrire comme un manche, tu as toujours le droit d'écrire. C'est beau, c'est bio, c'est bon. Et c'est économique. Ecrire, même des bêtises, ça fait du bien.

En vrac :

- Nous sommes allés voir Lucy, depuis, Paul se bouffe des kilos de recherches universitaires improbables pour savoir combien de pourcentages du cerveau nous utilisons en moyenne. Dans notre langage de couple se rajoutent peu à peu les expressions "tu sais, moi, je sens que j'utilise que 5 % de mon cerveau", "oulala, je suis fatiguée, je dois être qu'à 2% grand max". Au final, toutes les recherches se contredisent et on ne sait toujours pas si on utilise plus, moins que 10% ? et 10% de quoi ? de la totalité de notre cerveau ? 10% de chaque zone de notre cerveau ? Et quid de l'inconscient qu'on explore à peine ? Physiquement, ça se matérialise comment ? Tant de questions dont nous n'aurons pas les réponses puisqu'aucun de nous deux n'a inclu la biologie dans son champs d'expertise...

- Demain, première visite de la seconde saison de "Jeune couple recherche appartement et à s'infliger les peines et les déboires du déménagement à Paris". Il s'agirait d'un 40m² près de Porte Maillot. Dernier étage, ce qui est notre critère absolu (oui, les associaux du coin, c'est nous...). Il y aurait une baignoire (GNRLLRGGF) et luxe suprême, des WC séparés. Wait and see...

Sur ce, je repars à mes occupations très très constructives de vacances. Avant de ne plus en avoir et de décéder à petit feu.

Amour et licornes d'été !

1 mai 2014

Liebster Award : questions / réponses

J'ai été taguée par ma frangine pour le Liesbter Award et m'en vais de ce pas répondre à ses questions :

 

11 informations sur ma petite personne :

Quand je découvre une nouvelle chanson qui me plaît beaucoup je peux l’écouter à peu près cinquante fois d’affilée / Je suis sur le point de finaliser un rendez-vous pour tatouer l’intérieur de mon bras droit / J’ai tellement d’accessoires à pâtisserie que je me fais assommer à chaque fois que j’ouvre le placard à droite de ma cuisine / Quand je suis absorbée par un livre, je peux littéralement lire plusieurs jours d’affilée / J’ai plein d’idées mais me sens toujours terrifiée quand je commence à écrire / Je suis allergique au produit lave-main qu’on utilise au travail et c’est une TORTURE / Il me faut consommer une bonne bouteille et demi de vin avant de commencer à me sentir un peu ivre / Je ne fais jamais de rêves cohérents, c’est toujours surréaliste/ La moitié de mes expressions récurrentes sont tirées de films, dessins animés ou sketchs regardés mille fois avec ma sœur / La lumière blanche des journées nuageuses me donne la migraine / Ce n’est qu’en commençant un travail physique cette année que j’ai mis fin à mon anxiété d’aller dormir. Lit = désormais, bonheur.

1)      Thé ou café ?
Je suis la Lorelai Gilmore du thé.
“ I said : “Teateateatea”, as in “I really need:  teateateatea!”, you know… ?”


2) Pour toi la clé du bonheur, c’est…
La liberté, dans les jambes mais surtout dans la tête, donc, l’imagination par extension.


3) Le prochain grand rêve que tu comptes réaliser ?
Aucune idée du prochain. Nager dans une eau transparente, peut-être ?


4) Tu es plutôt papier ou plutôt écran ?
Je… j…
Je me sens comme Joe de Friends quand on le somme de choisir entre la nourriture et le sexe.
C’est pas les mêmes plaisirs. C’est pas pareil. Laissez-moi me recroqueviller, cette question est beaucoup trop perturbante.


5) Qui est le personnage historique féminin que tu admires le plus ?
J’admire particulièrement les femmes qui, en dépit la misogynie ancestrale, ont également su dépasser les contraintes sociologiques et financières pour s’imposer (enfin s’imposer un temps, quoi). Du genre Jeanne d’Arc, ou dans un autre genre, Mata Hari (on a dit « dans un autre genre »).
Sinon, Aliénor d’Aquitaine et CiXi avaient l’air flippantes mais waouh, quelles femmes !


6) Si tu pouvais dézinguer ton pire ennemi en toute impunité, quel serait son châtiment ?
Le pire châtiment reste quand même de réaliser qu’on a été bien dégueulasse et de devoir vivre avec ça… Mais comme on n’est pas dans Dogma, quelque chose qui impliquerait d’être dévoré à petits feux par un truc bien vicieux.

 
7) Quel est le bouquin qui t’a le plus marqué dans ta vie ?
Dans ma courte vie de 24 petites années, c’est bien Harry Potter qui m’a le plus marquée (au fer rouge !) jusqu’au présent, pour un milliard de raisons différentes.


8) Ta meilleure méthode pour lutter contre le stress ?
Toujours pas trouvé, mais je ne désespère pas !


9) La plus grosse galère que tu aies eu en vacances :
Ne pas savoir où nous allions dormir le soir-même car le charmant jeune homme de Couch Surfing (qui posait avec des bébés lions sur sa photo) n’avait finalement pas confirmé pouvoir nous accueillir (mais au final c’est juste le porte-monnaie qui s’en est mal sorti, on a atterri dans un super hôtel à New York où y’avait même pas de punaises)


10) Quel est celui des 5 sens que tu sacrifierais avec le moins de peine ?
L’odorat.


11) L’amour, ça existe vraiment ?
« Bien sûr que ça se passe dans ta tête, mais pourquoi faudrait-il en conclure que ce n'est pas réel ? »

 

2 septembre 2013

LET'S GET THIS SHOW STARTED

Alors voilà.

Nous y sommes.

Demain, dernier briefing avec l'employeur. De mercredi à samedi : première semaine chez l'employeur en tant qu'apprentie pâtissière. Lundi : rentrée des classes au CFA. Je suppose donc que mardi : premiers cours d'entremets, tartes et brioches. Direction Wonderland, à mille lieux de mon parcours de première de classe détentrice d'un bac + 5, bien sage à son bureau d'attachée de presse junior.

Pour l'instant, appelez-moi Madame Anxieuse : hâte d'être dans le bain, ENFIN. Même si c'est pour courir et choper le métro, me faire engueuler par mon chef, m'endormir sur mes révisions de "hygiène, santé et environnement" et être payée une misère.

Je veux rentrer dans l'action, que l'attente et l'incertitude soient derrière moi, et qu'on passe à autre chose, FINALEMENT !

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29 août 2013

Splendeur et misère du speculum

 

Et la visite chez le gynécologue comme moyen de se sentir hyper mal en tant que femme, on en parle ?


En fait, je devrais dire LES gynécologues. J'ai compté, j'en étais à mon 9ème en début de semaine dernière et je me suis demandée si on ne pouvait pas me filer une carte fidélité, si je pouvais pas cumuler des points et gagner des goodies. Certains ont des problèmes d'angine chronique, moi j'ai des soucis d'intime, c'est comme ça, il faut faire avec. Mais du coup, j'ai pu constater que statistiquement, il y a BEAUCOUP de gynécologues pas très très doués du relationnel.

Les visites chez le gynéco, on en parle finalement peu. Parce qu'on préfère garder nos jardins secrets et nos problèmes de santé pour nous, parfois. Mais aussi parce que les maladies d'ordre sexuel sont souvent considérées comme encore-plus-dégoûtantes-que-les-autres-parce-que-ça-touche-des-sujets-tabous, parce qu'encore de nos jours on pense que chopper une MST révèle des choses compromettantes sur notre vie sexuelle (alors qu'un simple coup de stress peut faire surgir d'odieuses monstruosités dermatologiques, c'est ignoble mais c'est ainsi), parce que le sexe est encore très culpabilisant malgré la vulgarité de l'espace publique, parce qu'on a peur de passer pour "une pute" (là je soupire de fatigue parce que, bon, bref, c'est pas le sujet) ou pour une oie blanche qui ne connaît rien aux choses du sexe, ou encore parce que tout ce qui concerne "les trucs de fille" sont souvent considérées comme des maux sataniques par une grande partie de la gent masculine qui ne se remet toujours pas du fait que chaque mois, il y a du sang qui sort de nous - donc autant dire que nous nous devons de garder le secret - voir d'entretenir le mystère - sur tout le reste.


Le problème de tous ces tabous, c'est qu'on parle peu de ce qui se passe dans le cabinet des gynécologues.

Or, vu la teneur des problèmes qui peuvent y être évoqués, ces spécialistes devraient se montrer deux fois plus prudents que leurs confrères. Chacune débarque chez le gynéco avec son histoire, ses expériences, ses certitudes ancrées dans ce que nous ont dit nos parents dans l'enfance, ses limites sexuelles, ses peurs enfouies, ses traumatismes parfois. On est rarement remis en question quand on vient traiter une angine : par contre, un conseil de contraception ou l'apparition d'une MST fait surgir des paramètres qui ne concernent plus stricto sensu la médecine et la santé du patient mais sa vie privée, ses choix sentimentaux, ses limites. Et toujours cet aspect sacro-saint du sexe... D'où les maladresses, les incompréhensions mais aussi les violences qui peuvent compliquer une visite chez le gyéco, surtout si ce dernier n'établit pas de barrières claires entre son ressenti et les libertés de son patient.

Mes premières visites se sont très mal passées et m'ont mise très en colère. J'ai donc fait une liste non-exhaustive de ce qui m'avait le plus brisé les ovaires ces dernières années.

 

1) Les conseils débiles et culpabilisants

 

 photo gyn01.jpg

(oui, c'est une croix gammée à l'envers et donc un speculum-presque-nazi. Je me défoule aujourd'hui.)

Nombreuses nous sommes à avoir entendu un très froid "détendez-vous" qui serait censé déclencher l'épiphanie : mais oui, tiens, j'y avais pas pensé !! me détendre, mais c'est bien sûr, la clé est là, ralala si j'avais su plus tôt je me serais juste dé-ten-due quoi. Je l'ai généralement entendu alors que j'étais complétement à poil et les pieds dans les étriers (d'ailleurs si quelqu'un peut m'expliquer ce qui gênerait de faire l'examen mammaire APRES l'oscultation, ce qui m'éviterait de me retrouver nue comme au premier jour alors que j'ouvre grand les cuisses et montre l'Origine du monde à un(e) parfait(e) inconnu(e) ...) .

Surtout quand on vient parce qu'on a mal et que ça brûle et pique. Forcément, on appréhende un peu. Donc en toute logique, ça ne sert à rien de s'énerver sèchement sur la patiente qui a du mal à accueillir le speculum diabolique avec joie et décontraction du périnée, surtout si c'est pour y aller comme un(e) bourrin(e) après.

Dans la lignée des conseils pourris, j'ai aussi eu : " - vous êtes en couple ? - non, je suis célibataire. - Ha mais IL VA FALLOIR me trouver un homme alors !! c'est votre devoir de rentrée hein !!" ... et elle était sérieuse. Je n'avais pas compris. Déjà, y'avait possibilité de faire une énorme gaffe : peut-être viens-je de me faire larguer ; peut-être suis-je lesbienne ; peut-être suis-je heureuse d'être célibataire et suis obligée de me battre H24 avec le monde entier qui considère que le couple monogame constitue l'épanouissement prioritaire de tout individu sans exception ; et plus simplement, puisque dans mon cas, ce n'était pas un choix d'être seule : sans déconner, Captain Obvious, j'avais pas pensé à TROUVER quelqu'un !! j'avais pensé à chercher, mais trouver, ça jamais, c'est une révélation, je regrette pas d'avoir payé 60 euros le rendez-vous gynéco tiens.

2) L'ignorance médicale doublée d'un examen de conscience

Dans ma folle jeunesse, j'ai été en couple avec une fille. Notre relation nous aura un jour permis d'entendre ça :

 

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Je ne vous raconte pas le débat de sourd qui s'en est suivi (et plus aucune de nous n'est jamais retournée le voir).

Je cite : "Une jeune fille n'est plus vierge quand le pénis d'un jeune homme a cassé son hymen. Sinon, elle est VIERGE, le reste n'a pas d'importance." Merci Docteur, ça valait le coup toutes ces années d'études et ces nuits blanches à ingurgiter un savoir anatomique impossible... pour sortir ça à ses patientes.
Quant à la protection contre les MST entre filles, elle n'existe pas, c'est fabuleux ! j'ai envie de dire : si les lesbiennes n'ont aucun risque de grossesse ni aucun risque d'être jamais malade du sexe : mais POURQUOI des rapports hétérosexuels ?? tant d'arc-en-ciel et de jeunesse éternelle sur l'île de Lesbos, c'est magnifique ! Je comprends que Roger du PMU du coin n'ai jamais pensé que le sexe entre meufs avait aussi son lot d'inconvénients et nécessitait parfois une protection, en cas d'aventure d'un soir ou de nouvelle partenaire, par exemple. Mais de la part de gynécologues diplômés qui ont cravaché comme des fifious toute leur jeunesse pour devenir des super-cerveaux, ça me donne envie de retourner leur speculum contre eux.

A cette époque, j'ai consulté plusieurs médecins et à plusieurs reprises, ces derniers se sont permis de me poser des questions sur mes "motivations" à sortir avec une fille. Ce qui est quand même incroyable. Ce n'était pas leur affaire. Je venais les voir pour des douleurs à traiter, des douleurs qui n'avaient rien à voir avec les précautions que je prenais. Ils me demandaient si je pensais que c'était sérieux avec ma copine, si j'avais fait mon choix, que je devais pas me précipiter, que c'était sûrement une phase. Et une fois, que le fait de vouloir des enfants me ferait sûrement changer d'envie (??!). A chaque fois que j'y repense, je suis terrifiée à l'idée de toutes ces jeunes filles qui entendent ce type de discours alors même que leur éducation est remise en doute par la vie et les rencontres, alors même que parfois leurs familles ne les soutiennent pas à la maison. Carnage.

 

3) Le je-m-en-foutisme

Un jour, je suis revenue avec des examens médicaux qui n'étaient pas particulièrement probants : le prélèvement ne donnait pas de réponses expliquant mes symptômes. La gynéco que j'avais consulté avait donc décidé de traiter un herpès, comme ça, parce qu'on est des oufs, même si rien d'indiquait un herpès plus qu'autre chose. A l'époque, ça m'a semblée chelou, mais je manquais trop de confiance en moi pour dire non.

Quant tu n'as pas d'herpès et que tu es traitée pour de l'herpès, il est fort probable que tu ne puisses plus t'asseoir pendant une semaine. Incroyable mais vrai, ta peau fait des trucs de designer, elle devient super créative.

J'ai remarqué qu'un gynéco décevant est souvent celui qui s'obstine à ne vouloir traiter que les grossesses. Avant d'être gynécologue, il est obs-té-tri-cien : c'est à dire, tout-puissant et très occupé, car doté d'une mission divine et sacrée : l'eeeenfaaaantemeeeent. Une jeune fille qui arriverait avec des symtômes difficiles à expliquer, qui mériterait un traitement de fond, qui obligerait à tatônner dans le protocole, serait donc gentiment reconduite vers la sortie, malgré ses souffrances (et son chèque qui aura payé la consultation).

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Heureusement, il y a les perles rares... le 9ème, c'était le bon ! Champagne !! Plus de jugement, du professionnalisme, de l'écoute, des frais réduits, c'est paillettes et joie sur mes prochaines consultations, youhouhouh, Samba di Janeiro et plus encore !

 

Je terminerai cette note-défouloir par l'anecdote qui me fait encore rire des années après tellement je n'ai pas compris la déclaration de ce jeune médecin hirsute des urgences gynécologiques qui finissait vraisemblablement une looongue garde et qui ne m'a pas jeté un coup d'oeil avant ce moment :

 photo gyn041-1.jpgQuel est le fuck ?! tant de questions sans réponses, mais au moins, des années plus tard, j'en ris encore de ce "ah bah oui, forcément" complétement ambigu (forcément, je ne prends pas de contraception ? forcément, vu ma gueule, je sors avec une meuf ?) et de ce premier face-à-face au bout de 15 minutes, APRES qu'il ait mis la tête dans ma... bref. Au final, un bon souvenir.

Plus sérieusement, il serait temps de libérer la parole sur ces consultations qui se déroulent mal, celles qui font mal, celles dont on ressort sans être traitées en sachant que ça va continuer de faire mal quand on fera l'amour ou qu'on ira simplement aux toilettes.

Il serait temps d'oser dire non à certains médecins, d'oser poser des questions et poser des limites. Il serait temps que certains gynécologues se remettent en question. Et se remettent à jour aussi.

En attendant, bon courage à celles qui doivent consulter, je vous envoie des licornes et de la poussière magique par pensée.

 

 

2 juillet 2013

Ode à la gourmandise (pour en finir avec les frustrations)

[Note : ne seront pas évoqués ici les troubles alimentaires compulsifs, ou la problèmatique de la suralimentation à l'occidentale, qui sont deux sujets bien différents et nécessitant un traitement particulier quand on les aborde.]

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On l'a tous et toutes entendu au moins une fois.

"10 secondes dans la bouche, 10 ans sur les hanches !"

Ou encore :

"Fichtre, c'est vraiment TROP gourmand."

Souvent (et là ça devient absurde), sur les blogs culinaires, on voit en commentaire :

"Oulala, ça a l'air bon, mais pas pour la taille !"

Parfois, en réponse sur un voyage de gastronome avec présentation des produits locaux et des plats dégustés sur place :

"J'espère que tu auras beaucoup visité et marché pour dépenser tout ça en tout cas parce que sinon, bonjour les kilos !"

Quand j'étais vendeuse chez un très grand nom de la pâtisserie en général et du macaron en particulier, j'ai rapidement cessé de compter le nombre de fois où des clients (mais plus souvent des clientes) faisaient la queue pendant 40 minutes pour ensuite ne prendre : "qu'un macaron, après, ce ne sera pas raisonnable." Et on ne parlait pas de prix hein. Pardon de sombrer dans la caricature, mais je dois bien dire que souvent Monsieur hésitait, demandait à Madame ce qu'elle souhaitait, laquelle répondait : "non, juste un macaron. Vraiment, je n'ai pas faim, et puis je fais attention." Résultat : souvent, Monsieur ne prend qu'un macaron aussi, un peu penaud, un peu solidaire aussi, un peu les bras ballants enfin.

...

C'est tout à fait leur droit mais quand on ose s'aventurer dans l'antre du sucré après avoir fait 40 minutes de queue, c'est quand même dommage de se refuser un dessert pour un problème de ligne. Enfin bon, c'est leur vie-c'est leur choix.

En tant que gourmande assumée traînant pas mal de frustrations d'enfance à ce sujet et future pâtissière, je le proclame donc haut et fort aujourd'hui :

J'EN AI ASSEZ QUE LA GOURMANDISE AIT MAUVAISE REPUTATION.

Le plaisir que m'apporte la bonne bouffe en général et le sucré en particulier est comparable à celui que j'éprouve quand je me plonge dans un incroyable tableau pendant plusieurs minutes, quand mon esprit est absorbé par les pages d'un bon livre, quand je vis un grand moment d'amitié ou d'amour, quand je me dissous dans cette douce torpeur typique d'une victorieuse partie de jambe en l'air.

C'est un plaisir de la vie. Et attention, sous leurs airs futiles, les plaisirs de la vie sauvent de pauvres âmes en détresse chaque jour. Retirez les plaisirs de la vie à votre existence, et je vous donne rendez-vous d'ici la fin de la journée à la falaise la plus proche. Allez vous raccrocher à un boulot sans âme, à une vie de famille qui bat de l'aile et à une société incompréhensible. Sans quelques notes de piano, un sourire chaleureux et l'onctuosité de la chantilly, nous sommes tous foutus. Vous en doutez ? repensez à la pile de factures et plantez-vous devant le journal de 20h, et on en reparle devant une tarte au citron meringuée en écoutant votre chanson préférée histoire d'oublier.

Donc, non seulement je n'irai jamais dénigrer le pouvoir d'une tarte à la framboise, mais j'ai même très envie de prendre sa défense. Il faut qu'on arrête de tout compter, tout mesurer. Oui, quand je pars dans un lieu réputé pour sa pâtisserie, je peux décider de prendre une part de gâteau par jour. C'est peut-être déraisonnable de faire ça tout une semaine, mais une semaine sur l'année, finalement, c'est très raisonnable.

Non, Cosmopolitain / Glamour / Biba / autre suppôt de la mauvaise estime de soi (et j'ai même été abonnée fut un temps, je lis donc à travers tes lignes fluos mais non moins diaboliques), je n'ai pas envie de prendre UN carré de chocolat 80% cacao après le repas. J'ai envie de chocolat au lait avec de la praline. Et un carré, même en le savourant, ça passe vite, alors je vais en prendre deux, voir trois, voir quatre.

Et je te zut.

J'en ai marre de cette nouvelle tendance chez certains pâtissiers à faire des gâteaux hyper petits, des religieuses minuscules, des tout petits carrés de mousse. Je ne suis pas particulièrement attirée vers les trucs mastoc, mais à un moment, il faut un entre-deux. On peut faire raffiné ET proposer de la matière. Mais non, une ou deux bouchées à savourer et boum, y'a plus. Mais moi je veux encore trois ou quatre bouchées non plus pour découvrir des saveurs inattendues, mais pour en profiter, les savourer, me réjouir de cette sensation gustative qui active plein de trucs dans mon corps et mon cerveau !

Et enfin, j'en peux plus de cette mode hypocrite de la gourmandise-non-assumée. Passez dans n'importe quelle boutique de déco, vous trouverez plein d'ustensils de cuisine, de pots à la gloire du cupcake, de la crème, du sucre, des muffins. Vous trouverez des assiettes à desserts, des présentoirs à petits fours... Les blogueuses modes prennent en photos leurs quelques macarons achetés à prix d'or, le dernier dessert à la mode, ou font circuler des clichés ostentatoires de présentoirs gavés de pâtisseries. Mais finalement, ce qui est mis en avant, c'est le décorum, pas la dégustation. On se déplace jusqu'au salon de thé mais finalement, on ne prendra qu'un thé, pas de gâteau. On partage. Pas parce qu'on n'a pas envie d'un gâteau pour soit (même si on prétend le contraire), mais parce qu'il faut se MO-DE-RER. Et que, sans réfléchir bien longtemps à notre propre corps, et à ce qu'est vraiment un joli corps, on préfère adhérer à ce que la société pense : il faut être le plus mince possible pour être belle, et donc on va hésiter à se faire plaisir, pour tendre à cet idéal. Oui, bien sûr, les formes c'est joli et féminin, mais quand même, si je pouvais avoir un IMC négatif, ce serait mieux. Je trouve ça joli parce que... la société pense que c'est joli. Parce que la société approuverait. Voilà.

Incroyable mais vrai : on peut écouter ses envies sans tomber dans l'excès. C'est pas grave de se bouffer toute la tablette de chocolat ou de se resservir des frites de patates douces parce qu'on en a envie. Je vous jure. C'est pas grave. Est-ce que vous culpabilisez quand vous remettez votre CD préféré pour la deuxième fois de la journée ou que vous refaites l'amour pour la quatrième fois du week-end ?

Le plaisir n'est pas du poison. Le plaisir aide à vivre et à supporter l'insupportable. Enfin, chose merveilleuse : le plaisir et les petits bonheurs sont multiples.

 

Les muscles qui se détendent sous un massage.

Une mélodie familière à la guitare sèches.

Un caramel qui dore et se colore dans la casserole.

Les jambes qui décollent durant le sprint final du jogging dominical.

Une carte postale à laquelle on ne s'attendait pas.

Des enfants d'habitude très sages qui chahutent dans l'herbe.

Une jupe couleur pastel qui bat sur des jambes ensoleillées.

Des fraises déposées sur une crème mousseline à la vanille.

L'odeur de l'herbe coupée.

Le deuxième tome d'une excellente trilogie.

Les bulles du champagne qui pétillent à la lumière tamisée.

Un frisson après un baiser dans le cou.

Une prière qui parvient à apaiser.

Un billet d'avion.

Une deuxième part de royal au chocolat...

Alors pensez à moi, et si il vous fait de l'oeil, reprenez impérativement du dessert la prochaine fois.

 

18 juin 2013

Splendeur et douleur de la métamorphose

Pour ceux qui n'ont pas suivi, en automne dernier, consciente que notre nouveau président n'amènerait peut-être qu'un seul changement-trop-génial-trop-ouf-qu-on-attendait-enfin-je-n-aurai-plus-honte-quand-on-me-demandera-où-en-sont-les-droits-des-gays-dans-mon-pays, j'ai décidé qu'on n'était jamais mieux servi que par soi-même, et que le changement, si il était pour maintenant dans ma vie, attendait que je me bouge les fesses.

(non, je plaisante, ma décision n'avait aucun rapport avec la Hollande)

Fraîchement diplômée d'une prestigieuse école et tout aussi fraîchement recrutée dans une non moins prestigieuse entreprise, je décidais d'arrêter de faire croire à tout le monde que je m'éclatais, et de revenir à mon premier souhait : la pâtisserie et tout son vocabulaire réjouissant, ses poches à douilles, les pâtes qu'on fraise et qu'on abaisse, les tartes qu'on abricote, les choux qu'on fourre, la boîte à codineige qu'on branle, et autre lexique sympathique. Je voulais le faire à 14 ans, tout le monde m'avait fait les gros yeux et j'avais donc opté pour un cursus général qui ne s'est achevé que 8 ans plus tard. Autant dire que quand je me suis retrouvée armée de mon bac + 5, employée la plus jeune du service (les stagiaires étaient plus âgé(e)s que moi, true story), nouvelle arrivée dans la vie active, petite exception au chômage des jeunes, et pourtant toujours accompagnée d'une boule à l'estomac le matin et prise de crises de larmes dans les transports, j'ai fini par dire qu'il était temps d'aller à l'encontre de cette société qui, de toute façon, n'a jamais vraiment prouvé qu'elle avait des valeurs fortes et magnifiques.


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Tu la sens, là, la montée de vocation ?? NOMNOMNOMNOM

J'ai voulu travailler tout de suite, faire une reconversion express : mais les conseillers Pôle Emploi étaient trop débordés pour me transmettre au jour le jour les informations auxquelles je n'avais pas accès, ou je devais débourser 7000 euros (mais bien sûr) pour une formation non rémunérée et sans apprentissage au sein d'une boîte à fric école privée. J'ai bien été obligée de repousser le projet pour intégrer un CFA (Centre de Formations Apprentis, là où on envoie les jeunes de 14 ans préparer leur CAP) en septembre 2013. Postuler aux écoles et trouver un employeur fut compliqué : mon CV, mon sexe, mon âge (23 ans seulement pourtant, mais je suis donc plus haut qu'un jeune de 16 ans sur le barème des salaires apprentis)... Une fille, c'est pas fait pour un métier physique ; oulala en plus elle a fait l'école "des élites", elle va la ramener et sera trop cérébrale ; diantre, elle va nous coûter 700 euros et pas 300, pas bonne affaire du tout ça.


J'étais un peu mal partie... mais j'ai trouvé. Je me suis accrochée. J'ai fait des stages. Ete prise à plusieurs endroits, ai pu faire le choix. Aujourd'hui, dernier rebondissement tout pourri : mon employeur m'annonce que son repreneur va cesser de prendre des apprentis, et que comme il n'avait pas signé mon contrat, il n'est nullement obligé de me prendre... Trois mois après avoir été recrutée, on me plante un rateau. Qu'à cela ne tienne, j'ai remue ciel, terre, répertoire et réseau toute la journée et j'ai rendez-vous demain pour trouver un employeur.

Je ne me décourage pas, je passerai mon CAP Pâtisserie en juin prochain, et je serai apprentie, "je le jure, je le jure devant Dieu que je ne me laisserai pas abattre !!" (pardon, j'ai toujours bien aimé Scarlett O'Hara et cette tirade dans le soleil levant, brrr, chair de poule !)

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(elle est reloue mais quelle vitalité, il faut le lui reconnaître)

 

Ce qui m'aura le plus amusée ces derniers mois, ce sont forcément : les réactions de l'entourage.

Mon amoureux, ravi de ma décision, est soulagé de "pouvoir enfin expliquer ton métier quand on me le demande" (c'est l'hôpital qui fout de la charité parce que lui est gestionnaire de copropriété et je me retrouve à devoir détailler à quoi ça correspond à peu près 9 fois sur 10). Je lui voue une reconnaissance éternelle car il me trouve "super classe" de faire tout ça, m'encourage, balaie mes doutes dès que ceux-ci reviennent à la charge en mode gros trolls, m'assure de son soutien financier en cas de grosse marade. Il assure.

Ma soeur me trouve badass et, nourissant elle-même des rêves d'entreprenariat, effectue un repérage continu à Tokyo pour "trouver l'emplacement idéal de ta première boutique à l'international" (sniff, c'est beau la sororité)

Mes parents ont accusé le choc (surtout le paternel) mais me soutiennent sans me communiquer leur peur ou leur incompréhension. Enfin, après que j'ai fait une ou deux mises au point au début, mais au final, je n'ai pas à me plaindre.

Les amis rigolent de me voir prendre au pied de la lettre ce que j'ai toujours balancé comme une plaisanterie, à savoir : "je m'en fous, si ça marche pas je passe mon CAP et j'ouvre un salon de thé !"

Et puis il y a les autres.

Et au final, ça passe bien mieux auprès de ceux qui n'ont pas fait de "grandes études". Qui n'ont pas énormément de diplôme. Qui ont pris le premier job qui passait et leur assurait leur indépendance... ils trouvent ça fun, étonnant, me souhaitent bonne chance avec enthousiasme. Ils comprennent, même de loin, l'envie d'être autonome, d'avoir un projet, d'être chef d'une entreprise, même modeste.

Les réactions mitigées viennent avant tout de ceux qui ont le même parcours que moi. Et là, souvent, ils ne comprennent pas. Ils me disent "et bien, en tout cas, c'est courageux..." d'une voix un peu condescendante, mesurée, prudente, l'air de se demander si mon cerveau n'a pas effectué un triple salto arrière depuis l'obtention de ce "sésame" qu'est notre diplôme. A-t-elle craqué son slip ? Réalise-t-elle ce qu'elle fait ? Et surtout - puisqu'elle a l'air sérieuse et sobre - comment peut-on être aussi différent l'un de l'autre dans nos désirs et nos aspirations alors que nous possédons le même bagage précisément censé nous forger à des carrières similaires ?


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Mais qui est donc cette petite dinde hippie que je croyais des miens ?!

5 ans passés à rentrer dans un moule commun, ça laisse des stigmates, c'est certain. Personnellement, j'en ai bavé mais au lieu de m'amener à ne désirer qu'une carrière tranquillement ascendante, un salaire aisé et une vie confortable et modérée, j'ai remis en question tout cet espèce de mythe du post-grande-école.

Je ne veux pas d'une plaque sur mon bureau, je veux même pas de bureau qui en jette. Je m'en fous. Et si je gagne bien ma vie, tant mieux, mais ce n'est pas une priorité. Je ne veux pas m'engorger de vanité à cause de deux publications spécialisées que seuls quelques élèves spécialisés vont feuilleter. Je ne veux pas du prestige renforcer mon ego.

Moi, je veux VIVRE. Tenter des choses, les réussir souvent, les échouer parfois, me faire des souvenirs, créer quelque chose qui fasse la différence pour ne serait-ce qu'une ou deux personnes, et SANS en heurter le double au passage. Je veux créer quelque chose d'intéressant et de concret dont je puisse être fière, quitte à y consacrer du temps et à ne pas faire tant de profit que ça. Rencontrer des gens passionnants, même s'ils ne sont pas connus ou reconnus. Avoir plusieurs vies dans une seule, pas plusieurs titres. De la qualité et de la satisfaction, de l'énergie, du mouvement. Mettre à profit ma capacité d'adaptation et quelques bonnes idées que je peux avoir parfois.

5 ans à se mouler pour se ressembler, et au final, on ne parle pas le même langage.

Ma décision a creusé un fossé supplémentaire, mais m'a rapprochée des amis de longue date. Une preuve supplémentaire que nos actes en disent long sur ce que nous sommes vraiment, plus que nos convictions et nos évidences...


C'est un changement, pour longtemps, qui s'est enclenché.

31 mai 2013

I belieeeve I can fly !

 

Ça fait un certain temps que ça me trotte dans la tête : aujourd’hui, j’ai envie d’écrire sur ma relation à la religion, à la foi, et au divin.

(Et l’absence de lecteurs devient encore plus… absente.)

Entre le terrorisme islamiste dont on nous rabat les oreilles depuis 2001 et les fous furieux qui manifestent en France en tenant des propos pour le moins étonnants depuis le lancement du projet de loi Taubira, autant dire que les réactions sont à vif dès que l’on aborde le sujet en France. D’autant que notre pays traîne quand même de sacrées casseroles, entre la révolution de 1789 qui voulait faire valdinguer l’entité « monarchie + église », les aléas des coups d’états et retours à la monarchie qui ont suivi, donnant une place instable aux institutions catholiques et à celles-ci un rôle tout aussi controversé dans la société. Tout ça jusqu’à la séparation finale de l’église et de l’état et à la notion de laïcité qui n’a quasi nulle autre pareille à travers le monde… Sur fond de relents de bigoterie bourgeoise plus ou moins appuyés jusqu’à que la société de consommation vienne balayer le peu qu’il restait d’obligations religieuses ou de ferveur réelle.

C’est sûr, notre pays entretient des rapports particuliers avec la religion en tant que relation au divin et les institutions en général, les institutions religieuses ne faisant donc pas exception. Ça n’aide pas pour tenir un dialogue paisible et serein.

Convictions personnelles

Moi, je suis croyante. Mais je ne suis pas baptisée, je ne vais à aucune église, aucun temple, aucune mosquée. J’aimerais, bien sûr, avoir un lieu où je pourrais méditer, prier, et peut-être même échanger avec d’autres, faire évoluer ma foi. Je fais la différence entre la foi et les institutions, et j’ai suffisamment étudié, lu, écouté pour m’être rendue compte que les hommes récupéraient la moindre parcelle de vulnérabilité et de malléabilité à des desseins de puissance. C’est valable pour les églises, les entreprises, le sexisme : si un homme (ou une femme, bien sûr) se rend compte du pouvoir de son influence, vous pouvez être sûr que ça tourne mal 9 fois sur 10… Beaucoup trop souvent, les lieux de culte se teintent de hiérarchie, de condescendance, d’hypocrisie donc d’emprisonnement, d’intolérance et de rejet. En bref, ils deviennent les lieux où tous les défauts dont les humains peuvent faire preuve viennent s’incarner.

C’est balot, quand on essaie de se rapprocher du Divin qui est l’antithèse de l’imperfection… Le contraire des limites. J’ai la certitude (en fait, la foi), que Dieu est une force divine et rédemptrice, au pouvoir d’empathie totale, de création infinie, d’amour sans tâche et sans faille. Dieu n’est pas le Père noël, il n’est ni masculin ni féminin… Il est l’Être, et c’est une source inépuisable d’énergie, de résilience, de compassion. Nous autres êtres humains, n’utilisons qu’une partie infime de notre cerveau, naissons et souvent vivons conditionnés par les parallèles directs liés à notre survie. Nationalité, héritages familiaux, ethnies et sexes. Préjugés, vision à court-terme, émotions confuses qui aveuglent et enchaînent… c’est ce qui nous rend capables du meilleur comme du pire, c’est ce qui nous rend parfois monstrueux, parfois délicieusement imparfaits, parfois miraculeux. Mais nous sommes terriblement limités… Nous avons des certitudes, des croyances, des valeurs et des principes, mais qui peut certifier, prouver que les siennes sont les bonnes ? Qui peut expliquer pourquoi nous sommes ici ? Ce que nous devons attendre de la vie, et ce que nous devons attendre de nous-mêmes ? La moindre de ces questions nous plonge dans des abysses de questions métaphysiques. Il faut me voir hésiter entre une salade d’endives aux noix ou une poêlée de brocolis sauce sésame le midi, alors être certaine de pourquoi je suis moi et quelle est mon utilité sur cette Terre, pourquoi les petits Bengali fabriquent des t-shirt H&M dans d’atroces conditions pour 1 euro par mois pendant que je me pose ce terrible dilemme endives versus brocolis, comment pardonner à quelqu’un qu’on aime pourtant de toute son âme, et comment concilier confiance en soi et introspection de soi… et ben c’est pas facile. C’est facile pour personne. Personne ne sait. Et même les prêcheurs qui ont sacrifié toute leur vie de plaisirs pour porter la soutane / la robe / la barbe et autres, ils ont des certitudes (tant mieux pour eux), mais au final, ils sont comme moi, comme toi ou toi.

Ils n’en savent fichtrement rien et ils rament. Ils cherchent. Ils tâtonnent. Certains ne le font même d’ailleurs, ils ont juste trouvé dans le système (en l’occurrence, le système religieux de leur choix) une parade qui leur permet de : gonfler leur ego ; avoir une brillante carrière ; soumettre hommes femmes et enfants ; non vraiment, les possibilités sont multiples.

Je me considère donc comme croyante, car une douce chaleur se répand en moi quand je prie, quand je ferme les yeux et que je tente de me connecter « Dieu », enfin, au divin. Je prie tous les soirs depuis plus de deux ans, parfois en journée. C’est discret. Le soir, une fois les lumières éteintes et les baisers de bonne nuit échangés, je me calme, joins mes mains à ma bouche, et prie en silence. J’ai envie d’exprimer ma reconnaissance, même après les pires journées – surtout après les pires journées. Car malgré tout, je sais que je suis reconnaissante que mon environnement ne soit pas si pourri que ça dans un contexte de recherche de paix intérieure. Je résume : plus de problèmes de santé majeure dans ma famille, personne dans mon entourage n’est à la rue, nous ne sommes pas en guerre, nous n’avons pas de soucis majeurs. Certes, le monde est parfaitement chaotique et malgré ces « check ! », il m’arrive très souvent de perdre pied et de devoir exprimer ma souffrance de petite humaine insignifiante. Mais justement. Il y a bien pire. Moi et les miens ne souffrons pas le martyre. Je vis le miracle quotidien d’être amoureuse et que l’on m’aime en retour. Ce sont des piliers, et je veux m’en rappeler chaque jour, mesurer ma chance de l’instant… Puis je prie pour le désordre et la douleur, en espérant que chacun trouvera la force nécessaire. Je prie pour qu’après notre mort physique, nous trouvions tous un jour le repos et la paix. Enfin, je prie parfois pour trouver en moi des ressources inattendues qui me permettront d’être meilleure et peut-être d’amener à mon tour un peu de beauté et d’empathie.

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(Tout un programme...)

C’est niais ? Souhaiter le bien et la compréhension malgré tous les efforts que cela coûte, est extrêmement difficile quand on a la mesure même infime de la tristesse, de la maladie et de la terrible fragilité des choses.

Voilà pour moi. Je conclurai en disant que mon mysticisme n’est jamais entré en contradiction avec : mon désir d’émancipation, ma bisexualité, mes avis souvent libéraux, l’alcool bu pendant les fêtes, les opinions très diverses de mes amis tout aussi divers, mon tatouage, les thérapies que j’ai suivies, ma curiosité et mon besoin de culture et de connaissances, mon approche des sciences et des mathématiques.

La liberté de pensée des athées et des croyants

En toute logique, je considère donc que chacun est en droit de suivre la voie qui lui convient le mieux. Si le devin existe vraiment, il est là pour tout le monde, y compris pour celui ou celle qui se considère athée, et même s'il ne s'en rend pas compte. Tenter de bien agir, d’être tolérant, généreux, empathique, c’est compliqué et si on s’y efforce sérieusement, cela suffit à tracer un chemin vers l’apaisement et l’amélioration. J’ai des amis de différentes religions, et beaucoup d’amis athées. J’ai aussi toute une palette de couleurs politiques, avec des militants extrême-gauche et des sympathisants extrême-droite (oui, c’est difficile de composer parfois, mais c’est le jeu) en passant par des adhérents Verts, PS, UMP. Je ne suis pas d’accord avec tout le monde, mais ça n’a jamais été un problème ! La diversité permet de progresser.

Jusqu’à présent, ceux dont les valeurs et les opinions politiques et sociétales sont les plus proches des miennes, se sont révélés, côté religion, être athées. And I’m cool with it.

Ces derniers temps, j’ai vu apparaître, sur les profils de ces amis, sur leurs blogs et leur timelines, des choses comme celles-ci, qui me font sourire car elles pointent toutes les contradictions et les dérives que je dénonce fermement également :

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 Et puis il y a le reste. Des propos tout aussi bornés que ceux provenant des religieux radicaux.
Je n’ai pas réussi à retrouver celui qui m’avait le plus interpellée : une citation proclamant que religion et connaissance ne faisaient pas bon ménage. Que la religion empêchait toute progression de la culture en général. … Sérieusement ? Prenons toutes ces théories sur le big bang, les particules et tout le bazar. Qu’est-ce qui empêche un croyant d’approuver tout ce que les scientifiques ont prouvé ou de s’intéresser à toutes leurs hypothèses ? Il peut simplement garder dans son cœur ce sentiment que ce n’est pas un hasard de l’univers, que quelque chose d’extrêmement puissant se trouve à l’origine de ce formidable chaos qui verrait aussi naître l’Humanité.

Je n’ai donc pas remis la main sur ce gif assurant qu’avoir la foi nous rendait donc inculte et imperméable aux sciences et au savoir en général.

Mais il y en a d’autres :

 

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Tout à fait d'accord, l'éducation, la science, la raison, c'est swag. Et y'a eu beaucoup de crétins qui ont utilisé un prétexte "sacré" dont impossible à remettre en question (pratique) pour se taper dessus. Ils se seraient tapés dessus quand même, pour des raisons économiques / nationalistes / racistes / géopolitiques, la liste est longue. Breaking news, le sexime et la misogynie existent même là où la religion n'est pas passée... en tant que femme occidentale, je m'en prends encore plein la tête concernant mon sexe et ma place de femme dans la société. De la part d'athées. Etonnant, non ?


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Celle-ci m'a tuée ! pour des gens censés s'en tenir à la raison, c'est plein de préjugés ça dites-moi ! On devrait pas s'en tenir aux faits ? Si une personne est intelligente et te plaît... elle est intelligente et te plaît ? Non ? Bon.


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Mais on peut chercher avec vous, y'a pas de soucis. Comprendre "comment". Je vous jure, y'a des croyants qui font des études et tout !


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Ou simplement des phrases choc alors que les choses sont tellement plus compliquées...

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Je sais, je sais, y'a le contexte. On s'adresse à la droite extrême des Etats-Unis ici, Tea Party et compagnie, qui tiennent des propos monstrueux sur les mécanismes de défense des femmes qui feront que violées, elles ne tomberont pas enceintes (c'était à la fois magnifique et monstrueux d'absurdité), qui prônent le "laisser-faire-la-providence-diviiiine" et "it's all God's plan" en négligeant la notion de libre-arbitre. Mais quand même. On peut croire à un Dieu (ou une force divine et absolue) sans faire d'anthropomorphisme en imaginant un Papy se demandant si oui ou non il va intervenir directement, s'il va guérir tel malade ou aider tel enfant en détresse. Le monde est complexe. Les choses sont complexes. La recherche de spiritualité est complexe.


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La vie ne se résume pas qu'à tuer/pas tuer, violer/pas violer... Nos relations avec nos proches. La colère mêlée d'amour. Le ressentiment mélangé à l'envie de se réconcilier. Les addctions, les manques. L'égoïsme. La peur d'être abandonné. Et c'est une liste non-exhaustive... Autant de difficultés à savoir si l'on fait bien, si l'on dit bien, si l'on vit bien, si on fait le maximum ou si l'on a trouvé sa place.

"If only I wasn't an atheist, I could get away with anything. You'd just ask for forgiveness and then you'd be forgiven. It sounds much better than having to live with guilt. - Keira Knightley"

Faudra qu'on me donne la recette miracle du sentiment immédiat d'absolution et de paix retrouvée, tiens, ça m'intéresse... ah oui, ça s'appelle l'hypocrisie et l'aveuglement, et c'est partagé également sur la planète, chez les croyants et les non-croyants. Suis-je bête.

 

Je prends toujours l’exemple du sentiment amoureux. Concrètement et scientifiquement, ça s’explique très bien. Le coup de foudre se traduit par une montée de dopamine, d’ocytocine, d’adrénaline. Envie de fusion et se jeter dessus comme des bêtes en se faisant presque mal ? C’est la phényléthylamine qui fait une grosse partie du boulot. Sans compter la fameuse hormone dite « de l’attachement » (so cute), l’ocytocine, et toutes les endorphines qui viennent procurer une douce sensation cocoonante et rassurante. Ça s’explique, c’est intéressant, on voit des corrélations avec les drogues dures et des molécules présentes dans le chocolat, c’en est même marrant… Pourtant, on vient tous (presque tous) donner une autre valeur à nos amours. Une rupture ou la perte de l’être aimée provoque des sensations terribles qui peuvent s’expliquer physiologiquement. Est-ce que pour autant il ne s’agit que d’un sevrage d’hormones ? N’y a-t-il pas autre chose derrière ces variations chimique, d’un peu inexplicable, difficilement concevable, horriblement complexe ? Certains vont dire que non, que même notre esprit est programmé pour croire à quelque chose qui nous dépasse quand il ne s'agit qu'un mécanisme de survie de l'espèce. C'est ma foi possible, et c'est dans leur droit de se tenir à cette théorie. Mais est-ce que ça blesse la société si en mon fort intérieur, je demeure persuadée qu'il existe une énergie qui nous transcende ?

La curiosité scientifique ne va pas à l’encontre de la foi. Pour certains, croire amène encore davantage de questions, puisqu’au lieu de se contenter d’un « comment », on y ajoute « pourquoi ? »

Donc France Inter, oui, on peut croire sans être crétin.

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L’émission était fort intéressante par ailleurs, et courte de surcroît, seulement 8 minutes ! je conclurai d’ailleurs par deux citations tirées de ce programme.

« La foi, c’est une confiance et une forme de questionnement. »

« – Alors, en quoi croire ? – Mais en Dieu. Croire en l’Absolu. »

 

Non, en fait je vais même finir avec Morpheus.

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28 mai 2013

Wind of change

Ouuuh la vilaine qui n'a pas écrit depuis un mois ! Pourtant mai fut plutôt rempli, entre le tatouage tout frais, mes premières commandes pâtissières (wouhou), le cinéma à gogo, d'excellents bouquins, des chansons entraînantes, des réconciliations amicales... et même un PACS. Soit, il a plu pendant près de quatre semaines consécutives, mais j'aurais eu de quoi tartiner et consigner, surtout avec la période cicatrisation qui m'a scotchée au canapé et les averses qui nous attirent vers les plaids et les coussins.

Mais je n'ai pas eu la force, comme d'habitude : le fameux bloquage ! cette maladie qui me fait contempler mon matériel à dessin d'un oeil torve, trousse et carnets vierges me jaugeant en chiens de faïence. Toutefois, et ce sera l'ultime bonne chose de ce mois de mai, un léger changement se produit ces dernières semaines... une intuition imperceptible, la toute naissance de l'envie au creux des reins et au fond du ventre, les premières molécules d'un élan de désir. Qui renversent délicatement la réalité des choses qu'on croyait implacable.

Un vieux psychiatre dans son fauteuil n'a eu cesse de me le répéter : "en face d'une résistance, il ne faut pas s'acharner, il faut contourner." Depuis quelques temps, en place de mes terribles frustrations, j'ai vu se dessiner des sentiers, et ces sentiers ont l'air accueillant. Quitte à ne pas pouvoir se jeter à corps perdu dans le processus création, on peut s'enivrer d'inspirations. Ce ne sera pas du gâchis de temps. Je peux en profiter, avaler goûlement les sons et les images, faire des listes de ces films qui m'ont donné force (Hannah Arendt) et beauté (The Great Gatsby), fascination (Only God forgives) et circonspection (The Grandmaster). Je me suis accordée le droit d'écouter 100 fois de suite Midnight City de M83, Un bel di vedre de Puccini, Young and beautiful de Lana Del Rey, jusqu'à en pleurer de pur bonheur d'être imprégnée de sons qui émeuvent, au-delà des modes et de ce qu'il faut (ou pire, ne faut pas) écouter pour être cool, juste parce que ces airs-là me plaisent et sussurent à l'oreille de la grande romanesque que je suis.

C'est une brise de liberté qui souffle en réalité depuis cette fameuse séance de tatouage. La vraie, la brute liberté. D'être enfin qui l'on est. Qui l'on veut. Qui l'on se sent. D'être enfin tous les potentiels décelés. La Liberté que l'on s'accorde, que l'on s'offre enfin.

Alors je ne me suis pas acharnée à écrire ou à dessiner, j'ai laissé mon esprit s'humidifier de tous ces cris et ces traces, mon coeur se gonfler de cette fièvre que je n'avais pas ressentie depuis l'adolescence. J'ai laissé faire, parce que j'ai eu la certitude que ça me faisait du bien.

J'ai été très émue ce vendredi 17 mai, alors que rien n'était fait pour. Le PACS, c'est 15 minutes d'attente, 1 minute dans le bureau du juge qui enregistre le schmilblick et nous souhaite une bonne journée. On était préparé, on s'en foutait que l'état s'en foute, nos coeurs battaient la chamade quand même. On est sorti, on avait les yeux humides lui et moi, on s'est serré très fort l'un contre l'autre...

Il y avait de la force, ce jour-là.

 

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